EAU ET PLANS DE PAYSAGE

DEUX EXEMPLES SEINE-ET-MARNAIS : MARNE CONFLUENCE & VAL D’ANCŒUR

Plan de paysage de Marne confluence & Plan de paysage du Val d’Ancœur

Article extrait de la Lettre N°16 (Novembre 2020) - > Retrouvez l'article et ses nombreuses illustrations 

 

Deux exemples qui permettent de montrer comment, à travers l’outil plan de paysage, le thème de l’eau est abordé de façon transversale, à toutes échelles et adapté aux contextes.
Avec l’eau, ce sont des objectifs de paysage, d’environnement, de patrimoine, mais aussi d’urbanisme, de tourisme, qui sont poursuivis. Suivant les contextes, ici deux exemples très contrastés, on a à faire à une eau «urbaine», avec des conceptions à reprendre et de nouvelles à imaginer, ou bien à une eau plus «rurale», préservée, patrimoniale.  

 

Plan de paysage de Marne confluence

suivi par Lucie Charles, paysagiste au CAUE77

 

Une démarche partenariale soutenue par l’État, portée par le Syn-dicat de rivière Marne Vive, en charge du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux Marne Confluence. Elle réunit depuis 2016 tous les acteurs du territoire autour de la concrétisation des objectifs du SAGE pour mieux gérer l’eau dans un territoire d’urbanisation continue depuis 30 ans. Si l’élaboration du plan a été confiée à une équipe de concepteurs aux compétences complémentaires (cartographes, écologues, architecture-urbanisme, hydrologues et médiation) organisée autour du bureau d’études en Paysage Complémenterre. L’animation du plan est assurée depuis 2019 par le Syndicat avec l’appui des CAUE intervenant sur le territoire (77, 93, 94). L’objet est la mobilisation des professionnels.

« Ce projet, mené sur un territoire réunissant 14 communes en Seine-et-Marne, 25 dans le Val-de-Marne et 12 en Seine-Saint-Denis, a été conduit par la structure ayant mis en place le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE). Le plan de paysage st un document incitatif qui vient appuyer le contenu règlementaire du SAGE. 
Les trois CAUE concernés ont été sollicités pour en assurer l’animation. L’eau permet d’aborder des thématiques autant urbanistiques qu’environnementales. Les propositions sont faites sur des questions récurrentes : Comment l’eau doit être prise en compte dans les mutations urbaines, les aménagements à venir ? Comment mieux intégrer le risque inondation ? Comment réorienter, reprendre des conceptions apparaissant aujourd’hui comme obsolètes ? Comment faire pour que l’eau pluviale ne circule plus dans des tuyaux mais soit infiltrée, stockée au plus près de son point de chute ?  Les connaissances auxquelles il est fait référence sont souvent celles des ingénieurs, des hydrologues. Le plan de paysage permet de les traduire, les illustrer, d’en faciliter la compréhension. Les paysagistes des CAUE viennent compléter les équipes des syndicats de rivière et organisent les animations. Une des premières missions a été d’assurer la formation des personnels des CAUE, sur ce qu’est un SAGE, ce que peut être un plan de paysage, en quoi ces outils concernent tous les métiers de l’aménagement. Ainsi au CAUE77, dans leur mission de conseil au particulier, les architectes peuvent relayer efficacement tout ce qui peut être proposé pour la gestion de l’eau à l’échelle de la parcelle. Parmi les animations mises en place, on a réalisé des arpentages (*) sur différents sites, un dans chaque département. En Seine-et-Marne, on a choisi le ru de Chan-tereine avec un projet de liaison douce entre la Marne et la Dhuys. Aujourd’hui ce ru est un fossé à ciel ouvert, alternant avec des sec-tions busées, qui déborde dans sa partie aval malgré des bassins de rétention en amont. Les riverains ne comprennent pas. Il faut expliquer l’intérêt de la renaturation, les enjeux paysagers, les améliorations qui en résulteront. 
Autre sujet ayant un impact paysager fort : la question de tous les bassins d’orage réalisés dans les années 70/ 80. Leur conception est aujourd’hui obsolète : ils sont sous-dimensionnés lors d’épisodes pluvieux importants et surdimensionnés le reste du temps. Ce sont donc des espaces coûteux à gérer pour une fonctionnalité faible. L’idée générale qui s’impose est qu’il faut traiter l’eau à sa source, réduire les volumes en mouvement, les ralentir, les infiltrer. Toutes ces mesures améliorent la situation localement tout en réduisant les risques sur le centre de l’agglomération parisienne. En intégrant aussi des objectifs de qualité de l’eau, on pourrait  permettre, entre autres, la baignade dans la Marne à l’horizon  2022.  "

 

Le plan de paysage ne se décline pas par thématiques mais par secteurs. Ce sont des fiches actions qui donnent des références, par exemple sur le degré de perméabilité du sol, la réouverture des rus ayant été busés, les descentes d’eau pluviale. On constate ainsi que pour une grande partie des collectifs construits dans les années 60-70, l’eau va directement du toit au cours d’eau sans qu’on la voie. Si on veut gérer cette eau autrement, la remettre à l’air libre, ce sont des projets, des travaux compliqués. Actuellement on tra-vaille à la mise en place d’une formation courte pour les élus. On montrera des exemples, il y en a dans les départements concernés, par exemple dans le quartier Bel-Air à Montreuil, à Montevrain dans l’écoquartier agri-urbain que suit le groupement de paysagistes Folléa-Gauthier. Ce n’est que le début d’un long effort de sensibi-lisation pour transformer radicalement notre façon d’aménager. »

 

Propos recueillis en septembre 2020 Arpentages (*)  

Concept de promenade animée par des  points d’arrêt, explications données par les différents partenaires et experts sollicités, séquence de questions/réponses, mise en œuvre d’outils pédagogiques proposée par l’URCAUE Ile-de-France,  permettant d’impliquer les participants.

 

Liens

> Sage Marne Confluence -Plan de paysage

> Sage Marne Confluence -Approbation par arrêté inter-préfectoral signé le 2 janvier 2018

 

 

Plan de paysage du Val d’Ancœur

suivi par Marianne Souq, paysagiste au CAUE77

 

Une démarche partenariale soutenue par l’État, portée par la Communauté d’agglomération Melun-Val-de-Seine et la Communauté de communes Brie des Rivières et Châteaux. Elle réunit depuis 2018, tous les acteurs et habitants du territoire autour de la connaissance et la valorisation de son paysage. Elle est animée par un groupement de professionnels aux compétences complémentaires (cartographes, écologues, architecture-urbanisme et médiation) organisée autour du bureau d’études en Paysage SENSOMOTO. 

« Depuis le début de son élaboration, la clé d’entrée principale a été de valoriser le patrimoine local pour en faire un moteur de développement. Mais l’idée était d’élargir la réflexion, ne pas se limiter à quelques monuments connus, en particulier ces deux locomotives que sont Vaux-le-Vicomte et Blandy-les-Tours. Voir comment on peut conforter, améliorer les paysages existants, leur caractère rural. Ces paysages, il faut pouvoir les découvrir à pied, à vélo. 
Le thème des mobilités est apparu tout de suite comme essentiel. Cette mobilité douce a rejoint la question de l’eau parce que qui dit réseau de chemins dit en même temps réseau de fossés pour les assainir, et donc mare pour récupérer les eaux et aider à leur stockage, leur infiltration.
On se rend compte que cette question de l’eau concerne et réunit l’ensemble du territoire et de très nombreux acteurs et associations. Parmi eux les agriculteurs. Certains ont fait part de leur souci de voir les terres s’assécher sur des périodes prolongées. Dans des terres très argileuses, l’abaissement des nappes phréatiques sur les plateaux aggrave les risques sur la production agricole et sur le bâti. La question n’est plus forcément de drainer et évacuer l’eau en surplus comme cela a été le cas depuis les débuts de l’agriculture sur ces plateaux, mais comment la conserver au mieux dans les sols pour qu’ils soient alimentés en toutes saisons. 
Les objectifs rejoignent donc ceux que l’on poursuit en ville : conser-ver l’eau le plus longtemps possible, faciliter son infiltration, empêcher son arrivée rapide dans les cours d’eau. Cette question de l’eau, des cheminements, des paysages, réunit très logiquement vallées et plateaux. Elle enrichit la réflexion initiale qui avait cherché à répondre à une question simple : où s’arrête la vallée et où commence le plateau ? On a voulu définir des limites facilement compréhensibles par tous. On s’est arrêté à tout ce qui faisait limite visuelle verticale, alignements d’arbres, lisières de bois, haies, tertres, etc. La mise en valeur du patrimoine liée à l’eau s’est imposée naturellement, puisqu’on a une richesse exceptionnelle d’ouvrages de tous types : passages à gué, fontaines, passerelles, etc. En matière d’agriculture on a constaté que ce territoire a toujours été riche en expérimentations. L’idée est de maintenir cette dynamique, faire en sorte que s’y invente l’agriculture de demain avec par exemple, la mise en place d’agroforesterie.
Des réflexions sont menées pour replanter des vignes, telles qu’elles étaient encore présentes au XIXe siècle sur les pentes de vallons parfaitement exposés au sud. Ça peut être une des façons d’éviter leur enfrichement, un souci majeur parce qu’il banalise et referme les paysages de vallée. 

On a aussi noté une spécificité très forte du secteur avec tout ce qui est lié à l’énergie, l’exploitation de gaz, l’extraction de pétrole, les lignes électriques à haute tension. Comment faire connaître ces lieux, ces installations, ces réseaux ? Cette volonté de reconnais-sance passe par des récits, des explications, des mises en scène, des ouvertures à la visite, par exemple celle du répartiteur électrique de Sivry-Courtry où peut être appréhendé l’alimentation de la région parisienne. 
Concernant le rôle du CAUE77 il a été continu depuis le lancement de la réflexion en 2018. On a aidé les intercommunalités à définir le périmètre, à établir le cahier des charges de la consultation et le dossier de demande de validation du plan de paysage par le ministère de la Transition écologique et solidaire. On continuera d’accompagner les collectivités tout au long du processus. La pro-chaine étape c’est l’élaboration des fiches actions où seront décrits les principes des projets et travaux à venir.  »

 

Propos recueillis en septembre 2020

 

Liens

> Val d'Ancoeur - Plan de paysage -Diagnostic 

> Val d'Ancoeur - Plan de paysage -Partagez vos projets et initiatives !

> Préfet de Seine-et-Marne - Plan de paysage (PPVA)

> Melun Val de Seine -Plan de Paysage

> Brie des Rivières et chateaux - Participez au plan de paysage
 

 

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INFORMATIONS

 

 

Plan de paysage de Marne Confluence en chiffres
52 communes concernées sur 3 départements 
270 hectares
37 km de berges de Marne 6 masses d’eau 
Plus d’un million d’habitants, où la densité d’habitants va croissante de l’est (la N104) vers l’ouest, à la limite du bois de Vincennes.
71 % de sa surface est bâtie, 18 % des espaces naturels (milieux associés aux cours d’eau et plans d’eau du territoire, forêts et bois) et 8% des espaces agricoles

 

Plan de Paysage du Val d’Ancœur en chiffres
56 km2
11 communes : Melun, Maincy, Rubelles, Saint-Germain-Laxis, Vaux-le-Pénil à l’ouest, Blandy-les-Tours, Bombon, Champeaux, Moisenay, Saint-Méry et Sivry-Courtry à l’est.

Près de 61 000 habitants 
23 km du GR1 et 21 km de PR 
42 km de cours d’eau (rivière et rus) 
19 monuments historiques classés ou inscrits 
27 % de sa surface en site classé 
60 % de surfaces cultivées 
16 % de bois et forêts

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