CONCEVOIR DES FAÇADES MOINS CHAUDES

TOITS DÉBORDANTS, AUVENTS, ARBRES , ARBUSTES ET PLANTES GRIMPANTES

Sensibiliser au confort climatique

Un article de Bertrand Deladerrière (JUIN 2022) dans la lettre du CAUE77 N°20

Auvent du musée archéologique Vesunna à Périgueux - Jean Nouvel Architecte.
Auvent du musée archéologique Vesunna à Périgueux - Jean Nouvel Architecte.

Les conseils donnés pour atteindre l’objectif de confort ther-mique à l’école de Flagy donnent l’occasion d’évoquer d’autres solutions possibles pour les projets neufs ou de rénovation. Dans le neuf, la question climatique est posée dès la programmation. Doivent être abordées toutes les notions se rapportant de près ou de loin aux effets du climat sur le confort du bâtiment, sa consommation énergétique, sa durabilité, etc., des effets induits par le froid, la chaleur, l’humidité, le vent, les risques d’inondation, etc. Lutter contre la chaleur oblige à se poser la question des mouvements d’air, de la chaleur stockée par inertie dans le bâtiment et restituée pendant la nuit, des matériaux utilisés, etc. 

 

TOITS DÉBORDANTS, AUVENTS : DES SOLUTIONS CONVAINCANTES

Comment lutter contre la chaleur et la gérer au mieux ? Evidemment par l’orientation, l’organisation générale du bâtiment, ses façades, ses ouvertures. En analysant les bâtiments les plus performants sur cette question, on constate que la mise en place de toits largement débordants est l’une des solutions les plus utilisées et convaincantes. Elle permet un ombrage du mur durant les heures les plus chaudes lorsque le soleil est au zénith. Durant la période hivernale, elle n’empêche pas le soleil de chauffer légèrement les façades. En même temps elle évite de fermer les vues depuis l’intérieur. Lorsque le bâtiment n’a qu’un rez-de-chaussée, elle donne l’occasion d’aménager des espaces abrités de la pluie et des terrasses couvertes. Cette disposition a généré tout le patrimoine des cloîtres et galeries couvertes. Mais ces débords de toits ont des conséquences en termes d’emprise au sol et donc de droits à construire définis dans les PLU. Ces conséquences dépendent largement de la façon dont est définie la notion d’emprise au sol et comment ces débords sont conçus.

  •  DÉBORDS DE TOITS, AUVENTS, ET CODE DE L’URBANISME
    Les avancées de toiture non soutenues par des poteaux ne sont pas à prendre en compte pour le calcul de l’emprise au sol de la construction. Mais inversement, celles soutenues par des encorbellements, des consoles ou des poteaux doivent l’être. Cette rédaction du code de l’urbanisme assez claire mais pas suffisamment pour éviter les litiges. Les ambiguïtés proviennent de la définition de l’emprise au sol. L’article R 420-1 (décret n° 2011-2054 du 29 décembre 2011) la définit comme étant la projection verticale du volume de la construction, tous débords et surplombs inclus, ce qui comprend donc auvents, acrotères, bandeaux, cor-niches, marquises, balcons, loggias, coursives, etc. Dans certains jugements est retenue la définition la plus favorable au pétitionnaire en ne tenant compte que de « la superficie qu’occupe la base de la construction », en application du principe selon lequel, en l’absence de définition réglementaire, la définition permettant l’exercice le plus large du droit de construire doit être adoptée. Dans d’autres, c’est le rapport de la surface occupée par la projection verticale du volume hors œuvre brut du bâtiment à la surface de la parcelle qui est retenu... Il faut donc préciser au mieux cette notion d’emprise au sol dans les règlements d’urbanisme. Une tendance semble se dégager, celle d’inclure dans l’emprise au sol les éléments saillants du bâtiment lorsqu’ils sont indissociables de ce dernier, ce qui signifie une prise en compte des plus grands développements de la construction même s’ils ne sont pas au sol. Qu’en conclure ? Un droit de l’urbanisme peu favorable à un confort climatique optimal des façades les plus chaudes...

    Encorbellement : c’est une construction permettant de porter une charge en surplomb sur le nu d’un mur, d’une pile, d’un contrefort. Elle est en saillie du plan vertical d’un mur, soutenue en porte-à-faux par un assemblage de consoles ou de corbeaux. Un étage, une galerie, un balcon, peuvent être en encorbellement.

    Console : c’est une pièce servant de support à un élément en saillie par rapport à la façade.

 

  • UN AUVENT MONUMENTAL « un parapluie large, haut et simple » Jean Nouvel, Architecte

    Au XIXe siècle,  le métal a permis de multiples innovations, par exemple, donner des proportions monumentales à certains types d’architectures : serres, verrières de tous types, auvents etc. L’architecte Jean Nouvel poursuit ces recherches avec l’auvent du musée archéologique Vesunna à Périgueux (*). Cette solution permet d’éviter l’échauffement des grandes parois de verres périphériques, de tamiser la lumière à l’intérieur du musée et de protéger la  partie des fouilles située à l’extérieur du bâtiment. 
    Sur la sous-face de l’auvent est reporté, en couleur, le plan des fouilles ainsi abritées. Cet auvent XXL surplombe également une maison renaissance, la « maison de Monsieur Taillefer » (une construction qui intègre des pierres provenant de la ruine  gallo-romaine proche, dont des colonnes supportant une galerie couverte). L’auvent rattache ainsi symboliquement a maison au musée.

    « Le site archéologique de la Domus des Bouquets, il faut le révéler et le protéger. Avec noblesse. Avec tact. Avec netteté, dans la sensibilité et la culture d’aujourd’hui (…) Je propose de couvrir la villa d’un parapluie large, haut et simple. D’une géométrie calquée, héritée du plan gallo-romain.  Sous cette nappe qui plane à environ neuf mètres au-dessus des murs antiques, le moins de perturbations possibles. Quelques parois de verres faites de modules suspendus, les plus immatériels afin de jouer avec le paysage qui se développe autour. »
    Extrait de la note de présentation du projet au concours. (*) Jean Nouvel, architecte, lauréat du concours, réalisation 1993-2003, maîtrise d’ouvrage ville de Périgueux, surface shob 6 900 m²

 

LE VÉGÉTAL, UNE SOLUTION DURABLE

Arbres, arbustes

Les solutions ayant recours au végétal méritent d’être soulignées pour leur efficacité et la variété des combinaisons possibles. Elles sont à la fois anciennes, variées et demandent encore à être explorées. Parmi les “incontournables”, figure bien sûr l’arbre planté près de la maison, palissé parfois, et taillé de façon à ne pas obstruer les ouvertures. Souvent cet arbre a été choisi dans les essences à fruits et en Seine-et-Marne on rencontre encore quelques vestiges de cette tradition, avec essentiellement des poiriers palissés. L’arbre rafraîchit le mur pendant la journée et le mur restitue la nuit la chaleur emmagasinée le jour. Très répandu, l’arbre à feuillage caduque planté à une certaine distance du mur et laissé en port libre ou légèrement taillé. Cette solution a l’avantage d’une gestion facile et de permettre un ombrage sur la totalité du mur proche, ouvertures comprises et ce durant toute la période estivale. La chute des feuilles avant l’hiver laisse passer la lumière et le soleil peut alors chauffer le mur très légèrement. La diversité des essences plantées est assez faible, (tilleuls en majorité en Seine-et-Marne) et très peu de littérature est consacrée aux avantages et inconvénients des différentes essences convenant bien à cet usage (densité d’ombrage, durée de la période en feuille, facilité de taille et de conduite, etc.). A noter que de très nombreux arbustes (noisetiers, lilas, fusains, cornouillers, etc.) peuvent être conduits de façon à prendre l’aspect d’un petit arbre, avec un volume compatible avec celui du bâtiment.

 

Plantes grimpantes

La très riche famille des lianes et plantes grimpantes, glycines, clématites, vigne vierge, vigne, lierres, etc. permet de recouvrir des façades sur des hauteurs impressionnantes. La rapidité de leur croissance est également un inconvénient puisqu’elle est synonyme de tailles régulières et sévères pour ne pas boucher les ouvertures. On voit de plus en plus ce type de plantations conduites sur des fils verticaux tendus en avant des façades. Ce dispositif a l’avantage de mieux guider le positionnement du végétal par rapport aux ouvertures et éviter qu’il ne s’accroche trop rapidement dans les irrégularités de la construction. Pour les ouvertures en rez-de-chaussée, les pergolas sont efficaces et faciles à gérer. A noter que ces plantes remarquables par leur croissance verticale savent aussi très bien se “laisser tomber”. A partir de toits-terrasses ou balcons, il est possible de créer de très beaux rideaux verts devant les ouvertures situées en contrebas.

 

Plantes annuelles ou bisannuelles

Ces plantes (encadré p. 14), qui pour l’essentiel ne s’élèvent pas à plus de 2 à 3 mètres dans l’année, présentent un grand intérêt lorsqu’on les plante à proximité d’une baie vitrée ; le même intérêt que celui des arbres à feuillage caduque, avec un bon ombrage d’été et une transparence totale en hiver lorsque la plante disparaît. Une solution peu utilisée parce qu’elle nécessite la création d’une plate-bande à proximité des murs, des ouvertures avec tout ce que cela implique en terme de drainage, de qualité de terre. L’arrosage peut se faire à partir de la récupération des eaux de toitures. Les différentes strates végétales peuvent être combinées entre elles comme par exemple des arbres à feuillage caduque assez proches des façades et des plates-bandes de grandes annuelles devant les ouvertures du rez-de-chaussée.

 

separateur

INFORMATIONS

> Retrouver l'ensemble de l'article et les illustrations et commentaires dans la lettre N°20 du CAUE77

 

Bocconie cordée, une vivace alliée du confort thermique de votre construction 

Vivace de 2 à 3 mètres  formant un bel écran/ été / croissance rapide / feuilles de 20 à 30 cm de large / 1 par m2 / Hôtel à insectes

 

 

La situation des plantes à proximité des façades et des ouvertures oblige à un entretien régulier. Pas d’abandon possible. Aussi, l’évaluation des conditions d’entretien est un préalable à tout début de plantation. Être ni trop lourdes, ni trop fréquentes ou trop dangereuses. Une autre évaluation à faire, celle des outils nécessaires (escabeaux échelles, outils de taille, etc.) et la gestion de la masse de déchets verts régulièrement produite. Si les conditions sont réunies, facilité, temps disponible, absence de danger, plus d’hésitation.

Une certitude, les plantations feront beaucoup plus qu’améliorer le confort thermique du bâti. Esthétique, écologie, plaisir du jardinage seront au rendez-vous. Même l’amélioration du confort thermique amènera plus qu’une simple baisse de température puisqu’il s’y ajoutera une légère augmentation de l’humidité atmosphérique prove-nant de l’évapotranspiration des végétaux. 

Le choix des plantes ? Comme toujours très vaste. Parmi les vivaces la Bocconie cordée (Macleaya cordata syn. Bocconia cordata) permet de créer un bel écran vert durant tout l’été avec une croissance record. En quelques semaines, elle sort du sol pour atteindre 2 à 3 mètres de hauteur. Ses feuilles caduques vert-olive à gris-vert, duveteuses au revers mesurent 20 à 30 cm de large. De juillet à septembre, des tiges gris-vert portent de grandes panicules légères et plumeuses. Un plant au mètre arré est suffisant pour faire de belles touffes dressées. Plante facile qui vient très bien au soleil ou à mi-ombre et en sol frais. Si elle se plait elle se ressème facilement. Rabattre les tiges en fin d’au-tomne. Elles sont creuses et ne se décomposent que très lentement. Très utiles donc comme “hôtel à insectes” durant des années.

separateur
separateur

SUR LE MÊME SUJET

separateur

MANIFESTATIONS À VENIR

separateur
separateur