Le Parc naturel régional du Gâtinais français et quelques collectivités en Seine-et-Marne accompagnent depuis plusieurs années déjà le développement d'une filière chanvre locale. Ils tentent par ailleurs, ensemble, de mettre en œuvre ce matériau dans les éventuels projets de construction de leur territoire.
Le CAUE77 participe à cette aventure en organisant ou en s’associant à différentes opérations d'information et de sensibilisation auprès des maîtres d'ouvrages et des professionnels, et s'attache à promouvoir ce matériaux biosourcé permettant de développer une architecture bioclimatique, durable et saine.
Pour quelles raisons ?
La culture du chanvre est ancienne, et la plante a eu de nombreux usages développés au cours des siècles (industrie textile - cordage, voiles ... -, cosmétique, alimentaire, habitat vernaculaire, ...). En 1850, 176 000 ha de chanvrières sont recensés (Association Construire en Chanvre), faisant de cette filière un atout économique et industriel pour la France.
Mais les difficultés d'adaptation des nouveaux outils agricoles à la culture du chanvre (résistance de la tige) à partir de la fin du XIX siècle, et le début XXe siècle conduisent les agriculteurs à préférer peu à peu d'autres cultures. La teneur en psychotropes des variétés cultivées entraine une interdiction de sa production en 1930.
A partir de 1970, la culture reprend, sous surveillance, avec des variétés possédant une teneur en tétrahydrocannabinol (THC) réduite.
Selon Interchanvre.org, la production mondiale de chanvre en 2016 était de plus de 100 000 ha dont 33 000 ha en Europe. La culture en France représente plus de 16 000 ha (soit moins de 10% des surfaces cultivées à la veille de la révolution agricole) dont plus de 1 000 ha en Seine-et Marne.
Peu exigeante (s'adapte à tout type de sol), pompe à nitrates et métaux lourds pour des sols pollués, restructurante par son système racinaire pour des sols appauvris, économe en eau et intrants, sans besoin de traitement phytosanitaire, la culture du chanvre favorise par ailleurs la biodiversité.
Outre ces qualités majeures en termes de développement durable, et de biodiversité, cette culture permet par ailleurs de redéployer des secteurs agricoles indépendants des cours du marché mondial, sécurisant les agriculteurs.
La culture du chanvre représente seulement 0,3% de la surface agricole su département.
Une filière construction du chanvre se développe, sur la base de deux types de produits issus de la culture : la fibre et la chènevotte.
Ils offrent 3 grands usages qui apportent des qualités et performance nouvelles aux constructions dans lesquels ils sont mis en œuvre :
- Le béton de chanvre (mise en œuvre par voie humide - projection - par voie sèche au travers de blocs de chanvre ou de parpaing - et en cours de développement, des parois préfabriqué). Le béton de chanvre projeté n'est pas porteur, il s'inscrit dans un projet ossature bois, et constitue un matériau de remplissage intéressant pour ces multiples qualités.)
- l'enduit chaux chanvre,
- la laine de chanvre.
- La maison des enfants à la Ferté Gaucher (77), livrée en 2018 - MOE BN Architectes et 3A2U