Une recherche de caractère (...), de justesse de rapport dans le contexte, d'originalité quand elle est nécessaire.
«L’architecte ne peut compter que sur lui-même pour organiser un espace. Il faut que chaque œuvre réalisée soit en elle-même une composition terminée. Celui qui prend la suite le fera dans le même esprit. Prévoir une ville ou un quartier de ville, ne peut se faire seulement en plan : il faut savoir imaginer les architectures dans les moindres détails. On oublie trop souvent qu’une vision est à trois dimensions. Qu’une vision est un tout et qu’elle s’exprime simultanément en plan, en façades, et en coupe. Qu’elle s’exprime aussi en matériaux et en couleurs.»
Fernand Pouillon, Mémoires d’un architecte, 1968
Parler de la couleur dans l’aménagement, l’architecture, le paysage, tenter de donner des orientations, des conseils, c’est courir le risque de recettes, de solutions passe-partout, reconduites d’un site, d’un bâtiment à l’autre, sans projet, sans culture. Mais c’est aussi poser des questions, proposer une créativité face à une absence. Absence trop fréquente de questionnement dans tous les types d’espaces. Dans les quartiers récents, où des enduits uniformément « ton pierre » deviennent rapidement gris du nord au sud de la France. Dans les centres villes, où la réflexion doit concerner toute l’ambiance colorée de l’espace public (devantures de magasins, mobiliers, etc.) et pas seulement les façades anciennes. Dans les zones d’activité, les plaines agricoles où la masse des bâtiments, des hangars s’appréhende à longue distance.
Partout la couleur doit être une réflexion, une envie, une identité réfléchie plus qu’une recette. À cette condition, d’innombrables situations de banalité, d’anonymat, ou de présences inutilement criantes peuvent être résolues. « L’harmonie parfaite » n’est pas le but. Une fausse piste, illusoire, car ne tenant pas compte des évolutions du regard, de la culture. Une recherche de caractère surtout, de justesse de rapport avec le contexte, d’originalité quand elle est nécessaire. Celle aussi de couleurs, d’harmonies nouvelles ou au contraire oubliées quand on croyait tout connaître du passé et de ses goûts.
Tout aborder, le défi est impossible en quelques pages. Plutôt le survol de quelques évidences pour donner cette envie de couleur. Quelques grands thèmes structurent le propos : la couleur-matière, le blanc couleur « moderne », « ton pierre», aplats de couleurs et couleur d’ensemble, les couleurs de la nuit, etc.
Après lecture, les questions resteront nombreuses. C’est bon signe, montrant que l’envie est là, le regard modifié. On pourra commencer à colorier, retrouver ce goût que l’enfant n’a pas encore perdu… Un sujet, une passion qui ne doit pas être affaire de spécialiste mais davantage du goût de chacun.
Concernant les couleurs du bâti traditionnel en Seine-et-Marne,elles ont fait l’objet de nombreuses études et publications parmi lesquelles celles du CAUE77, qui restent des références. La fiche enduits et menuiseries, palette de nuances présente douze teintes d’enduits et dix-huit de menuiseries, données à titre indicatif et sans prétendre à l’exhaustivité. Rééditée à de nombreuses reprises, cette fiche mérite d’être diffusée le plus largement possible pour renforcer l’homogénéité des opérations de requalification.
Aussi cette lettre s’attache surtout à compléter cette fiche par un ensemble de conseils concernant des situations et architectures plus contemporaines, où d’autres références sont à inventer. La palette de couleurs « à l’ancienne » est le résultat d’une histoire faite d’essais, d’échecs et finalement de compromis progressivement adoptés par chacun. Pour les urbanisations actuelles des démarches semblables sont à mener, avec une ambition à la hauteur de l’importance prise par la couleur dans notre cadre de vie.
Article par Bertrand Deladerrière , Equipe CAUE77
Retrouvez l'intégralité de la Lettre du CAUE77 N°12 (juin 2019 ) sur la couleur
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> #Couleurs du 77, du paysage au bâti
> La couleur-matière , le blanc et le ton "pierre"
> #couleurs #Vert #rouge #jaune #orange
> #codescouleurs/couleurprogramme #platsdecouleurs #couleurensemble
> #bandeau, #bordure, #cadres, "nervures
La fiche enduits et menuiseries, palette de nuances présente douze teintes d’enduits et dix-huit de menuiseries, proposée par le CAUE 77 à titre indicatif et sans prétendre à l’exhaustivité.
Les couleurs du bâti traditionnel en Seine-et-Marne ont fait l’objet de nombreuses études et publications parmi lesquelles celles du CAUE77, qui restent des références. La fiche, rééditée à de nombreuses reprises, mérite d’être diffusée le plus largement possible pour renforcer l’homogénéité des opérations de requalification.
( Remarque - les couleurs qui peuvent être percues via un affichage sur tablette, pc, mac, ou smartphone ne rendent pas comptent des couleurs référencées - N'hésitez pas à vous adresser au CAUE77 pour un envoi du nuancier (gratuit) ou passer dans nos murs à Coulommiers (Voir horaires d'ouvertures)
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« L’emploi de couleurs vives a eu pour intérêt d’attirer l’attentions sur le style nouveau, mais il n’a pu rester longtemps attrayant. Il a cessé de surprendre et a commencé à ennuyer, sa netteté et sa fraîcheur mécanique étant rapidement devenues de mauvais goût. Si on ne veut pas que l’architecture ressemble à un panneau d’affichage, la couleur doit rester uniforme tant sur le plan technique que psychologique. (…) Dans les villes, on peut efficacement opposer de petites surfaces peintes de couleurs brillantes à de grandes surfaces de couleur neutre. »
H-R Hitchcock & PJohnson, Le style international, 1932
« Dans les surfaces avec enduit, le blanc ou le blanc cassé, même lorsqu’il est obtenu au moyen de la peinture, est perçu comme la couleur naturelle. (...) Une couleur manifestement artficielle produit un contraste trop net avec l’environnement naturel. Il est préférable de recourir à des tons neutres et clairs qui n’entrent pas trop en conflit avec ceux de la nature.»
H-R Hitchcock & PJohnson, Le style international, 1932